Des images satellites pour lutter contre les décharges sauvages
Val d'Oise Numérique lance une expérimentation inédite pour la détection précoce des dépôts sauvage via l'analyse d'image satellite grâce à l'intelligence artificielle.
Par Christophe Lefèvre (c) Le Parisien
Le 2 mai 2022 à 16h51
Val-d’Oise : des images satellites pour lutter contre les décharges sauvages
Le conseil départemental du Val-d’Oise vient de voter un plan global de prévention et de lutte contre les dépôts sauvages. Lequel prévoit une expérimentation inédite : utiliser des photos satellites et l’intelligence artificielle pour repérer rapidement les nouvelles décharges.
C’est un fléau qui défigure les paysages, provoque la pollution des sols et contre lequel les collectivités dépensent des sommes importantes. Les élus du conseil départemental du Val-d’Oise ont voté, lors de leur dernière séance plénière, un plan global de prévention et de lutte contre les dépôts sauvages, pour la période 2022-2027. Il comprend un ensemble d’actions pour faciliter le travail des différents acteurs engagés dans la lutte contre ce problème, qui touche particulièrement le département.
« La lutte contre les dépôts sauvages, qui dégradent l’image et la qualité de vie en Val-d’Oise, et représentent des risques sanitaires, constitue une priorité pour notre département », a souligné Céline Villecourt, vice-présidente (LR) déléguée à l’Environnement et au Développement durable.
Deux cents points de dépôts illégaux sont ainsi identifiés dans le Val-d’Oise. Le plan régional de prévention et de gestion des déchets d’Île-de-France évalue leur coût annuel à près de 14 millions d’euros. À titre d’exemple, 1,3 million d’euros est dépensé chaque année pour nettoyer les bords des routes départementales.
« Détecter la décharge quand elle est à une taille raisonnable »
Le volet le plus innovant du plan global départemental concerne une expérimentation engagée par le syndicat mixte Val-d’Oise Numérique, qui s’est notamment chargé du développement de la fibre dans le département, et associant les collectivités et la start-up Disaitek.
La société basée à Fontenay-en-Parisis, qui a notamment travaillé avec la Nasa pour détecter des exoplanètes, a mis en place une solution permettant de repérer les dépôts sauvages et les décharges illégales, en mêlant des images en haute résolution prises par satellite et l’intelligence artificielle. Grâce à des algorithmes, les photos prises tous les quinze jours permettront d’identifier rapidement les anomalies sur le sol et l’émergence de décharges.
Dans la foulée, les pouvoirs publics, communes, intercommunalités et police ou gendarmerie, pourront rapidement prendre les mesures nécessaires pour que ces points de dépôt, souvent situés dans des zones éloignées des routes, ne se développent pas. Identifiés, les sites à risque pourraient ensuite être équipés, par exemple, de caméras mobiles.
« L’idée est de détecter la décharge quand elle est à une taille raisonnable, de voir comment elle bouge et comment la gérer, explique Rachid Adda, directeur général de Val-d’Oise Numérique. C’est un outil de détection, de gestion et de suivi. Il y a un intérêt à détecter au plus tôt et de voir sur la durée, par exemple si des dépôts reviennent après une opération de dépollution. »
« Des endroits peu fréquentés, avec des accès peu visibles »
Le coût de l’expérimentation, qui va notamment être mise en place sur la communauté de communes Carnelle Pays-de-France, est estimé pour le département à 40 000 euros pour cette année. Le test suscite d’ores et déjà la curiosité d’autres départements, qui ont pris attache avec Val-d’Oise Numérique.
« Cela nous permettra de mesurer l’évolution des tas et d’être réactifs, espère Patrice Robin, conseiller départemental (DVD) délégué aux aides et communes et intercommunalités, et président de la communauté de communes de Carnelle Pays-de-France. Cela ne va pas empêcher qu’ils soient là mais on pourra agir très vite. »
« Il faut essayer des choses, ajoute celui qui est également maire de Villaines-sous-Bois. Nous n’avons pas encore trouvé l’arme absolue, alors, quand une innovation se présente, on essaye. Les dépôts se font dans des endroits peu fréquentés, avec des accès peu visibles. Il y a tout un tas de contraintes et d’obstacles. Quand en même temps, on essaye de développer une stratégie de tourisme, notamment à l’approche des Jeux olympiques, il y a mieux comme accueil. Sans compter qu’il y a des hydrocarbures ou de l’amiante. »
Développer les moyens de collecte des déchetteries publiques
Outre cette innovation, le plan du Val-d’Oise prévoit le soutien à des opérations de sensibilisation, ou encore le développement de l’offre de collecte des déchetteries publiques, jugée insuffisante sur le territoire. Un appel à projets en faveur de la création et de l’extension des déchetteries accueillant les déchets des professionnels va ainsi être lancé, à destination des syndicats intercommunaux et des collectivités compétents sur ce sujet.
« Ces dépôts sauvages ont pour origine l’incivilité, mais pas seulement, rappelle Céline Villecourt. Ils peuvent également être une conséquence du sous-dimensionnement des moyens de collecte et de stockage par rapport aux besoins de la population.