La Gazette du Val d'Oise (19-04-2021) : Panne dans la fibre optique, Rachid Adda a une solution
Le directeur du Syndicat Val-d'Oise Numérique donne la solution pour éviter les incidences sur le réseau de la fibre optique.
Par Fabrice Cahen
Rachid Adda, le directeur du syndicat Val-d’Oise Numérique, établissement public administratif regroupant l’ensemble des intercommunalités et le Département, a une solution pour en finir avec les incidences sur le réseau de la fibre optique.
C’est à lui que revient d’ assurer la maîtrise d’ouvrage du déploiement de la fibre optique dans 123 communes « oubliées » par les opérateurs privés à travers les délégations de service public Vortex (Tdf) et Debitex télécom (Sfr FttH).
Rachid Adda explique techniquement les raisons des incidences sur le réseau fibré Internet, qui ont conduit à une motion prise par le Département du Val-d’Oise.
Actu : Comment expliquez-vous ces incidents sur le réseau Internet et plus particulièrement celui de la fibre optique, qui s'annonçait comme une révolution pour l'abonné téléphonique ?
Rachid Adda : Il faut toujours rapporter le nombre de panne au nombre de lignes actives. Les pannes sur le réseau ne représentent que 5 %. Nous sommes toujours dans le déploiement d'un réseau et cela peut comporter des incidences. Entre 2011 et 2017, le réseau Débitex ne connaissait aucun incident, parce qu'il n'y avait que deux opérateurs. Maintenant, le réseau commence à être saturé. Le taux de pénétration que l'on pensait atteindre sur dix ans, nous l'avons eu en deux ans. Maintenant, pour éviter cette saturation, il faudrait que certains particuliers arrêtent de changer d'opérateur tous les six mois, pour bénéficier de l'abonnement le moins cher. Cette manie de changer d'abonnement représente jusqu'à 40 % dans certains quartiers.
En attendant, les incidents sont là et l'on connaît leur origine et leur localisation. On entend souvent parler des interventions dans les armoires de rue et d'immeubles pour les logements collectifs. Qu'en est-il à ce sujet ?
R A : Du raccordement au domicile, jusqu'à l'armoire de rue, le réseau est sous-traité à l'opérateur commercial. L'opérateur paie un sous-traitant pour les interventions. Mais seulement, le sous-traitant fait lui-même appel à un autre intervenant qu'il paie moins cher, tout en empochant la commission de l'opérateur. Ce technicien low cost intervient pour 30 à 50 €. Il lui faut donc réaliser un maximum de réparation. C'est pour ça que je m'indigne contre l'ubérisation des interventions. Il suffit que 10 % de techniciens soient mal formés pour que l'opération soit un échec.
Donc, il s'agit rarement d'un défaut du réseau, mais plus d'un travail bâclé ?
R A : Les réseaux sont surdimensionnés. Il y a une surcapacité de 20 à 30 %. À chaque collectif d'habitat, il y a un boîtier avec douze branchements pour dix logements. Dedans il y a dix mètres de fibre optique, une marge en cas de réparation. Seulement, certains techniciens ne préviennent pas lorsqu'il n'y a plus cette marge et qu'il faut brancher un douzième foyer. De plus, il y a une sur occupation de certaines boîtes. Là encore, il y a des intervenants qui ne vont pas chercher la place dans un autre boîtier libre plus loin et sature le boîtier le plus proche de l'intervention. Ainsi, dans les immeubles, les abonnés au rez-de-chaussée ont plus d'incidence que ceux situé au quatrième étage. Le technicien préfère raccorder l'abonné du 3e à celui du rez-de-chaussée, pour ne pas avoir à monter les étages.
Et ces problèmes avec les armoires de rue ?
R A : Lorsqu'il y a une panne chez un abonné l'intervenant ouvre une armoire, qui est le point de mutualisation. L'endroit ou le réseau de l'opérateur commercial (Fai) retrouve l'opérateur d'infrastructure. C'est le dernier espace avant l'abonné. Dans ces armoires se trouvent des jarretières qui ressemblent aux anciens standards téléphoniques, avec couplage entre les deux opérateurs. C'est là le nœud du problème. Certains intervenants, très souvent en hiver, ne cherchent pas à ouvrir une nouvelle ligne depuis l'armoire. Ils se contentent de brancher l'abonné sur un autre abonné... qu'il débranche. Il y a tellement d'intervenants que ces armoires ne sont jamais verrouillées et parfois vandalisées. Une réfection d'armoire c'est 100 000 €. Nous en faisons deux par an. Récemment, nous en avons changé trois en six mois dans une même commune.